Face à cette douloureuse et incontrôlable dépréciation, certains n’ont pas hésité à conseiller d’investir massivement vers le bitcoin et les cryptomonnaies. Le krach que celles-ci subissent depuis l’automne dernier rappelle qu’il faut rester extrêmement prudent. N’oublions pas que ces produits ne sont contrôlés par aucune autorité de supervision et peuvent s’effondrer en quelques jours à la suite d’une malheureuse déclaration ou d’une rumeur. De même, il n’est pas possible de faire des prévisions fiables sur ce type de “placements” qui ne disposent pas de soubassement économique avéré. Autrement dit, un économiste ou un gérant raisonnable ne peut conseiller d’acheter du bitcoin et des cryptomonnaies, sauf pour ceux qui aiment les sueurs froides et n’ont pas peur de perdre leurs économies.

Faut-il alors investir en Bourse ? En effet, l’inflation constitue souvent un bon moyen pour les entreprises d’améliorer leurs marges. Or, qui dit profits augmentés dit Bourses bien orientées ! Ce raisonnement pèche néanmoins par trois voies principales. Primo, avant la résurgence inflationniste de la fin 2021, les marchés boursiers étaient en bulle et leur récente dégringolade ne fait que dégonfler cette dernière. Secundo, l’augmentation actuelle de l’inflation est tellement forte qu’elle va nettement freiner la croissance, voire susciter une mini-récession, compromettant par là même les profits de 2022. Tertio, comme cela s’observe déjà depuis quelques semaines, la reflation provoque une tendance durable de tension des taux d’intérêt des obligations d’Etat, ce qui ne manquera pas de déprimer encore un peu plus l’activité économique et les marchés boursiers. Bref, si ces derniers demeurent les plus performants sur longue période, la prudence devra rester de mise à court terme et, pour le moment, il faudra favoriser les stratégies d’aller-retour sur les marchés boursiers.

Parallèlement, compte tenu de l’augmentation des taux obligataires, il est primordial de délaisser les dettes publiques, notamment des pays développés, en particulier de la France et des pays du Sud de l’Europe. Idem pour les titres de dette privée, sauf à bénéficier d’une grosse prime de risque et uniquement pour des entreprises viables sur le moyen terme.

Face à ces dangers, il pourrait alors être tentant de se focaliser sur l’immobilier. En effet, la pierre constitue une valeur refuge sur longue période, d’autant que lorsque les prix à la consommation augmentent ceux de l’immobilier font généralement de même. Le seul problème est que l’immobilier français est aujourd’hui trop cher comparativement aux revenus des ménages. Et si jusqu’à présent cette bulle a pu être contournée grâce à la faiblesse des taux d’intérêt des crédits, il est clair que l’augmentation passée et à venir de ces derniers va siffler la fin de la récré et remettre les pendules à l’heure. Une baisse des prix immobiliers est donc plus que probable dans la plupart des grandes villes de l’Hexagone.

Faut-il alors acheter des matières premières ? Un peu, mais pas trop. D’une part, parce que les cours de ces dernières ont déjà fortement augmenté depuis un an et a fortiori ces dernières semaines. D’autre part, parce qu’après la reprise de rattrapage de 2021, la croissance mondiale va mécaniquement ralentir, notamment à cause de l’augmentation de l’inflation et des taux d’intérêt obligataires, ce qui freinera, voire inversera la flambée des cours des matières premières d’ici la fin 2022.

Pour être sûr de pouvoir protéger efficacement son épargne contre l’inflation et les risques ambiants, il paraît donc plus astucieux de favoriser trois autres valeurs refuges. Premièrement, l’or et les métaux précieux au sens large. Depuis quelques semaines, le métal jaune a d’ailleurs nettement progressé, revenant vers les 2.000 dollars l’once. Attention cependant car lorsqu’il dépassera nettement cette barre, l’or commencera à devenir trop cher et pourra alors se replier, tout en subissant une forte volatilité. Il faudra donc en avoir en portefeuille, sans pour autant y investir toutes ses économies.

Deuxième valeur refuge aguerrie aux crises et à l’inflation, le franc suisse peut également constituer une bonne alternative. Mais là aussi, la prudence doit rester de mise, car, comme pour toutes les devises, des secousses pourraient se produire au gré des évolutions de l’inflation et de la croissance mondiale.

Enfin et troisièmement, après avoir connu quelques années de traversée du désert compte tenu de la faible inflation à travers le monde pendant une décennie et a fortiori en 2020 et comme nous l’avons déjà préconisé il y a plus de six mois, les obligations indexées sur l’inflation (OII) ont désormais le vent en poupe. En effet, elles constituent les meilleures protections contre l’inflation pour la bonne et simple raison que le principal et les intérêts de ces obligations varient en fonction du taux d’inflation. Autrement dit, plus l’inflation se tend plus la valeur et le coupon de vos OII augmentent.

Dans tous ces cas, il faudra néanmoins rester prudents : après plusieurs années dopés à la morphine des banques centrales et une année complète sous perfusion totale, les marchés financiers sont en train de se réveiller avec la “gueule de bois”, ce qui pourrait aggraver les tensions et la volatilité. En d’autres termes : attention aux secousses et aux mauvaises surprises ! Alors, peut-être un dernier conseil : Carpe Diem ! Après avoir été privés pendant près de deux ans, profitons de l’instant présent et consommons tant que nous le pouvons…

Source Capital.fr

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