Sur l’or, début novembre, les tensions inflationnistes ont entraîné une forte correction des taux réels (les taux moins l’inflation, NDLR), qui a permis à l’or de repartir de l’avant. Mais la confirmation de Jerome Powell à la tête de la Réserve Fédérale américaine a poussé à la baisse les craintes inflationnistes davantage que les taux nominaux, entraînant une reprise forte des taux réels, qui a pénalisé le métal jaune. Les dernières déclarations de Powell sur une possible accélération du resserrement monétaire ont à nouveau fait remonter les taux réels, entraînant une nouvelle correction. Celle-ci reste modérée sur l’or, car ce resserrement est lié à un changement d’analyse sur le caractère transitoire de l’inflation.

De leur côté, les Banques centrales continuent d’acheter de l’or, l’Inde, Singapour, la Serbie, la Thaïlande et, plus récemment l’Irlande, ayant renforcé leurs positions. Dans le même temps, les importations d’or en Chine via Hong Kong sont en forte hausse, au plus haut depuis juin 2018. Aussi, si les pays occidentaux semblent toujours hésitants à l’idée de revenir sur l’or, il semble que les émergents poursuivent le renforcement de leurs positions. L’attrait renouvelé des Banques Centrales, très au fait de l’évolution de la politique monétaire, reste selon nous un indicateur encourageant.

Nous continuons de penser que l’or est attrayant dans la situation actuelle : si l’épidémie devait reprendre de la vigueur, les banques centrales n’auraient d’autres choix que de redevenir accommodantes, peut-être même encore plus qu’avant compte tenu de la fragilité d’un certain nombre de secteurs qui ont déjà eu à subir la première vague épidémique (aviation, restauration…). Dans le cas contraire, si l’économie devait poursuivre sa reprise, nous restons convaincus que les anticipations sur l’inflation et sa pérennité sont aujourd’hui sous-estimées, ce qui devrait conduire à une nouvelle faiblesse des taux d’intérêt réels. Les Banques centrales ne pourront en effet remonter leurs taux nominaux qu’en gardant un rythme inférieur à celui de l’inflation (behind the curve), étant donné l’endettement massif des principales économies mondiales.

Par ailleurs, le marché anticipe déjà très largement des hausses de taux en raison de la croissance, et les risques nous semblent plutôt pour une révision à la baisse de ces anticipations. Vu la faiblesse des breakeven (niveau d’inflation qui équilibre le rendement des obligations et des obligations indexées sur l’inflation) aujourd’hui, le marché semble selon nous sous-estimer le fait que la Fed lève progressivement ses réticences à reconnaître le caractère non transitoire de l’inflation. Cela nous amène à garder un objectif de nouveau plus haut pour le cours de l’or en 2022, au-delà des 2000 dollars l’once.

Les métaux précieux à caractère industriel ont, à notre sens, souffert de deux principaux facteurs. Dans un premier temps, le platine et le palladium, très utilisés dans l’automobile, bien que s’étant repris, continuent à court terme de présenter moins d’intérêt que les autres matières premières. La hausse des prix de l’électricité entraîne en effet une forte hausse des métaux très consommateurs (zinc, aluminium…) et présente plus d’opportunités. En particulier, la structure de prix à terme de ces métaux est actuellement en backwardation, ce qui veut dire que leur détention procure un rendement au porteur. Il y a donc un désintérêt à court terme sur le platine et le palladium qui ne présentent pas le même profil de rendement.

A cela s’est ajouté la baisse récente liée aux craintes sur le nouveau variant. Mais après avoir corrigé de près de 8% en séance en fin de semaine dernière, essentiellement en raison du manque de liquidité, des achats d’opportunité en fin de séance ont permis de limiter la baisse du palladium à 3,5%. Les déclarations de Powell sur une possible accélération du resserrement monétaire ont à nouveau mis la pression sur les actifs risqués, entraînant une nouvelle correction sur les actions et sur les métaux « industriels ». Le platine et le palladium ont à nouveau été fortement touchés.

Nous restons convaincus que le palladium subit un phénomène conjoncturel qui ne remet pas en cause la situation à moyen terme. Ce métal sera, cette année encore, en déficit, et tout indique qu’il sera en déficit en 2022 pour la 11ème année consécutive. Dès lors que le secteur automobile retrouvera un rythme de production plus normal, l’attrait de ce métal devrait ressurgir et les constats très positifs réalisés en juin par Johnson Matthey, plus gros producteur de pots catalytiques, qui voyait de nouveaux plus hauts sur ce métal au-delà de 3000 dollars l’once, rester d’actualité. A noter que le secteur automobile est aujourd’hui très tendu, ce qui se matérialise au travers des carnets de commandes, les prix de l’ancien et l’âge moyen du parc en service. Cela pourrait amener à un effet rattrapage en 2022, en particulier si le secteur des semiconducteurs arrive à résoudre progressivement ses soucis d’approvisionnement.

Le platine devrait de son côté, rapidement maintenant, profiter des messages de plus en plus nombreux appelant au développement de la production d’hydrogène vert. La production et la consommation de ce gaz nécessitent en effet beaucoup de platine. Selon Bloomberg New Energy Finance, les installations d’électrolyseurs devraient déjà être multipliées par 4 dès 2022. Certes, la base est faible, mais cela montre la tendance qui s’amorce. Selon Anglo American Platinum, plus gros producteur du métal, la technologie hydrogène pourrait déjà représenter 10% de la demande mondiale en 2025, et près de 40% en 2030.

A cela s’ajoute le fait qu’une grosse partie de la production de platine et de palladium provient d’Afrique du Sud. Aussi, un nouveau confinement dans ce pays en raison du nouveau variant pourrait réduire sensiblement la production de ces deux métaux. Aussi, si les métaux précieux à caractère industriel sont aujourd’hui durement touchés, ceci nous semble lié à des facteurs conjoncturels qui n’ont pas de raison de se prolonger au-delà de quelques semaines/mois. Nous restons donc optimistes sur les perspectives.

Source Capital.fr

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